Journée mondiale de la démocratie
Mesdames, Messieurs,
C’est étonnant et je dirais même que c’est presque un contre-sens que de célébrer à une date bien précise la journée mondiale de la démocratie dans ce parlement qui en est l’expression et qui en tire sa raison d’être 24 heures sur 24 chaque jour qui passe.
Cela étant dit, avoir instauré une journée mondiale de la démocratie prouve à quel point la nécessité d’en rappeler inlassablement les vertus est une nécessité de chaque instant.
En ce compris et peut-être d’abord, à celles et ceux qui ont la chance de vivre sous un tel régime et qui devraient en mesurer et en apprécier les vertus.
Nous avons en effet la chance de vivre dans un régime de démocratie représentative, dans lequel les citoyens peuvent librement choisir leurs représentants mais, au-delà des femmes et des hommes qu’ils élisent, d’exprimer leurs aspirations et leurs idées pour faire société. Une chance qui, il faut sans cesse le marteler, n’est pas le fruit de je ne sais quel heureux hasard, mais résulte de combats, longs et âpres, et qui est toujours sujette aux pires dangers.
Qu’on ne se méprenne pas sur le sens de ce propos. Il ne s’agit évidemment pas de dire aux citoyens « votez et on s’occupe du reste ». Une démocratie pour être vivante et vivace doit aussi être vive. Les citoyennes et les citoyens peuvent et doivent être exigeants avec leur démocratie, garder sur elle une attention permanente et veiller à ce que celles et ceux qu’ils ont élus remplissent en toute transparence leur double mission, législative d’une part et de contrôle de l’exécutif d’autre part.
En d’autres termes, et la piqûre de rappel n’est pas une posture, la démocratie est affaire de droits et devoirs de tous. Tant de la part des mandataires que de leurs mandants.
Pouvoir d’achat, inflation, insécurité des conditions de vie qui en résultent, interrogations sur l’état de notre bien commun, la terre, sont autant de facteurs qui aujourd’hui font tanguer les démocraties participatives et singulièrement les démocraties occidentales. Cela se constate un peu partout avec un désintérêt marqué d’une partie de la population – les taux d’abstention aux élections en sont l’expression manifeste – et une suspicion qui fait le lit des extrémismes biberonné au populisme.
Jouer sur les peurs et singulièrement sur celle du lendemain, affirmer « qu’il n’y a qu’à » et avancer des réponses simplistes aux problèmes de plus en plus complexes qu’il nous faut affronter, attiser sans cesse les ressentiments des uns et des autres, voilà les risques majeurs qu’encourt aujourd’hui la démocratie.
Ne nous y trompons pas, le populisme est un marchepied qui mène tout droit au régime fort voire à la dictature. Les exemples sont légion et, pour n’en prendre qu’un seul, il suffit de regarder ce qui se passe à l’est de notre continent où, en agitant la haine de l’autre et le sentiment de rejet, un dictateur, hors de tout contrôle démocratique, décide d’envahir un état souverain voisin, d’y faire la guerre, avec les conséquences funestes que cela entraîne partout dans le monde.
La démocratie, c’est la voix du peuple. Le populisme, c’est le peuple qu’on dévoie.
La démocratie, c’est notre héritage commun, acquis, conquis au fil de longs combats, avec opiniâtreté. Cet héritage, précieux, indispensable à notre équilibre collectif, il convient non seulement de le protéger mais encore de le faire fructifier alors que certains rêvent de le mettre à mal.
Longue vie à la démocratie !