Dépasser l’horreur pour entrer en résistance
(Dessin de Charb paru dans Charlie Hebdo du 7 janvier 2015)
Passée la secousse qui laisse hébété et muet face à l’horreur absolue, l’attentat dont a été victime Charlie Hebdo nous oblige à dépasser l’horreur pour entrer en résistance. Pour montrer qu’en ces moments tragiques, et je pense évidemment aux victimes, connues ou moins, et à leurs proches, la démocratie, qui est notre bien commun, ne peut tolérer (et j’emploie le mot à dessein) les agissements de ceux qui veulent la combattre. Rien ne serait pire que se soumettre au chantage et à la menace de ceux qui rêvent de totalitarisme. Comme l’a dit le président Hollande, il faut aujourd’hui faire bloc et un bloc qui dépasse les frontières hexagonales.
S’attaquer à Charlie Hebdo, c’est s’attaquer à la liberté d’expression. Et en tant que ministre des Médias, cet acte m’est doublement insupportable puisque la presse, qui est très souvent en proie à des difficultés financières (c’était d’ailleurs le cas de Charlie) est le premier acteur de cette liberté d’expression et donc un vecteur essentiel de démocratie.
Charlie Hebdo se revendiquait « journal bête et méchant ». Il était, à travers l’outrance parfois et la caricature, tout le contraire.
Jean-Claude Marcourt